Le club nautique et la baie de l'Orne : des enjeux forts
pour la préservation de la faune et de la flore
Il n'est parfois pas simple de marier l'activité humaine et la protection des milieux naturels. Le club nautique a souhaité sensibiliser ses adhérents suite à un incident récent.
Le club nautique de Merville-Franceville a tenu son assemblée générale samedi après-midi dans la salle polyvalente, Au début de la réunion, le bureau avait invité Thelma Leboucher du Conservatoire du littoral et Melissandre Gaultier du Groupe mammalogique normand à faire le point sur les zones de protection et les bonnes pratiques pour conserver la sérénité des oiseaux et des phoques de l'estuaire de l'Orne.
Le banc aux oiseaux
«La zone ornithologique est d'intérêt européen, a expliqué Thelma Leboucher. La seule entre la baie des Veyset la baie de Seine, C'est un site de reproduction, d'alimentation et de repos pour de nombreuses espèces ». La zone est interdite aux bateaux et à l'humain en général autour du banc aux oiseaux avec la présence de balises et barrières, Elle est située autour d‘un bras de sable non loin de la Redoute. « Aujourd'hui, les parkings sont pleins les week-ends, ainsi que l'été. Plein de gens y vont pour se baigner» a souligné Thierry Fromont, le capitaine du port.
Les phoques
Mélissandre Gaultier a ensuite évoqué la problématique des phoques. « C'est une espèce protégée qui revient depuis les années 90 dans une recolonisation naturelle, Ils sont une quinzaine tous les jours sur leur zone de tranquillité. Beaucoup de choses se passent dans leur vie à terre. Ils dorment, allaitent les petits, font leur mue, d'où l'importance de leurs îlots de tranquillités pour leur santé. La loi interdit de s'approcher de cette zone à moins de 300 m». Cette situation pose des problèmes aux bateaux venant de l'Orne pour rentrer aux ports, qui ne pourraient donc pas passer à marée descendante. Un incident a créé une certaine tension des adhérents face à cette situation, et suite à l‘intervention de la gendarmerie maritime, dans une certaine incompréhension.
Le soutien du maire
Le maire Olivier Paz soutient le club nautique « Nous sommes dans l'excès et dans une mesure assez dure à comprendre, constate-t-il. Je me souviens à l'époque du gravelot où il fallait délimiter une zone de la taille d'un terrain de foot autour de chaque nid. C'est 1,50 m maintenant. Là, c'est pareil». Selon le maire de Merville-Franceville, «s’il y a volonté de faire fuir, il est normal de verbaliser, mais quand il faut rentrer au port, on rentre. On oublie un peu trop souvent que l'homme fait partie de la biodiversité. Le site est exceptionnel. Nous l'avons fait vivre, nous l'avons fait protéger et nous en sommes des acteurs, mais il est devenu tellement exceptionnel qu'on va vouloir en exclure l'homme (…) » Olivier Paz insiste, « la commune est attachée à ce club. Je ne peux que saluer votre travail. Nous devons être dans les derniers du Calvados à
être avec des échouages. Les défis sont nombreux : l'envasement, les déplacements sédimentaires, etc. »
5 QUESTIONS À LOÏC NICOLAS ET THIERRY FROMONT
Le président du club nautique de Merville-Franceville Loic Nicolas et le capitaine du port Thierry Fromont évoquent plusieurs sujets d'actualité.
1. Vous évoquez un incident avec les phoques. Que s'est-il passé ? Nous sommes dans une zone Natura 2000, c'est important. Il faut rappeler nos obligations. Récemment, nous avons eu un incident, La mer était mauvaise. Un adhérent s'est approché trop près de leur zone de tranquillité et les phoques ont été remis à l'eau. La gendarmerie maritime est intervenue.
2. Quel bilan dressez-vous pour l’année 2022 ? Nous avons récupéré beaucoup d'adhérents l'année dernière, en raison de la situation de Ouistreham. Nous avons 130 adhérents, Nous avons organisé le retrait de 18 épaves qui encombraient le parking depuis de nombreuses années avec l'aide de la Mairie, Le parking a été agrandi et nous avons mis en place une barrière. Les travaux du nouveau club house sont en cours. Nous sommes en train de voir avec la Mairie pour |e désenvasement de la cale de mise à l‘eau et la réfection partielle du ponton. Nous avons créé une gamme de vêtements à l'effigie du centre nautique. Nous sommes en train de voir pour créer des activités annexes hors saison ou quand les conditions météorologiques sont défavorables.
3. Qu'elles sont vos projets ?
Nous continuons la maîtrise des coûts et à attirer de nouveaux adhérents pour pérenniser l‘avenir du CNF, Les comptes sont à l'équilibre, une prouesse selon notre comptable et le litige de la taxe commerciale est derrière nous. Nous avons mis en place un système de parrainage. Nous subissons de plein fouet l'inflation de l'énergie : l’eau, l'électricité, les matériaux pour le remplacement des chaînes, obligatoire chaque année.
Nous avons de futurs investissements à provisionner : le moteur de la navette de passage est en bout de vie ainsi que notre tracteur. Nous avons donc décidé et adopté à l‘unanimité l'augmentation de 2 % des cotisations.
4. Quelle est la situation avec les passeurs ?
Nous avions deux passeurs, Nous avons licencié le premier, le deuxième a ensuite démissionné, Nous sommes repartis sur de nouvelles bases et nous avons embauché un nouveau passeur, Stéphan. || a une grande expérience en restauration, ce qui nous intéressait pour le futur club-house. Cette année est une expérimentation pour voir les besoins, La charge de travail réelle de travail ne justifie pas le recrutement d'un
second passeur. Le bureau s'engage à être d'astreinte lors de mauvais temps et hors saison, sinon il y aura des gens
présents en permanence. Le site est équipé de caméras en vidéoprotection.
5. Quelques adhérents se plaignent d’avoir des problèmes de stationnement…
Le but est de faire vivre tout le monde installé sur le port et ses trois entités : le CNF, le club voile et pagaie et le restaurateur s'y sont engagés par écrit. Le restaurant n'a pas assez de places de parking et c'est encore pire pendant les travaux. On s'est engagé à ouvrir notre parking pour leurs employés. Le soir, quand le parking est vide, nous avons autorisé l’ouverture pour leurs clients. Nous sommes conscients que des gens sans rapport s'y garent quand même. Nous allons mettre en place un système de badges. La police municipale viendra contrôler. Nous avons en projet secondaire l'installation d‘une barrière automatique.